La saison de la tendance est ouverte depuis quelques semaines et les instituts d’études et agences de communication commencent à partager leur vision des tendances importantes à considérer.
C’est Joël de Rosnay a ouvert le bal cette semaine pour l’institut BVA, déjà connu pour le baromètre de l’innovation. Après une introduction en forme de lapalissade dans le style “l’avenir est aux jeunes” et “internet est dernière nous” – difficile de ne pas penser à l’article de Wired “The web is dead“, il a confié son appréciation au combien juste mais un peu facile que le monde politique actuel et les systèmes hiérarchiques des entreprises classiques sont «hors-jeu»
Voici les 6 tendances qu’il a sélectionné. Attention, acronymes et néologismes en vu. BVA Qualitative Factory devrait dévoiler ensuite leur cahier de 16 tendances selon la double approche socio-anthropologique / marketing opérationnel.
1- La tendance «Co-éco»
«Nous sommes augmentés. Internet est derrière nous, on ne va plus SUR Internet, on est DANS Internet. Avec nos smartphones, nous possédons plus de sens que lorsque nous sommes nés. Nous avons désormais le sens de l’orientation, avec le GPS… Cela conduit à revoir complètement les relations dans le cadre des groupes humains qui se mettent en place pour changer les choses. On passe du pyramidal au transversal.». La génération Millénium vit en réseau dans cet éco-système numérique et connecté qui l’amène à revoir sa relation aux gouvernements, entreprises, famille… Ce sont des individus «augmentés» qui ont la culture de «l’évaluation collective».
Ce besoin de partage favorise l’émergence d’une intelligence collective et collaborative, comme le témoigne le succès du crowdfounding. Ce que Joël de Rosnay appelle le système Débrouillardise Collective ou DCOL : D pour débrouillardise, et COL pour collective. Dans ce système en mode projet, les participants se recommandent les uns les autres : ce n’est plus une logique de pouvoir comme les systèmes politiques actuels qui sont encore dans des logiques de pouvoir.
2 – La vitesse et l’importance du temps réel
«Cette génération est habituée à cliquer et à avoir un résultat immédiat. Tout semble trop long et trop lent». Ainsi, les structures rigides pyramidales (éducations, banques, assurances…) qui font la «désintermédiation» ne seront plus adaptées.
3 – Les «cyberindignés»
Ce groupe aspire à une forme de démocratie participative. Ces “jeunes” – pour reprendre le qualificatif souvent utilisé – veulent une démocratie participative et non plus représentative. Trois éléments entrent en jeu : la rue (comme en Egypte), la télévision (relayant les images), les réseaux sociaux (où s’échangent des contenus et ressentis). Ces derniers sont des outils rêvés de « cybversion » : ils peuvent tout à la fois détruire des réputations (en faisant appel au cyberboycott) ou promouvoir des idées nouvelles. Il existe cependant un risque de récupération, par les GAFAMA (Google, Facebook, Apple, Amazon et Ali Baba).
4 – Du « selfie » au « healthie » : de la révolution de la communication à la symbiose
Selon Joël, une tendance qui va révolutionner les industries pharmaceutiques, agroalimentaires et autre. Les «MHBG», (mutants bionumériques hybrides géolocalisés) les 18-35 donc passer du «portable» au «mettable». Une tentative intéressante de traduire “wearable” en français. «Ils vont couvrir leur corps d’objets connectés pour suivre leur santé». Une sorte de quantified self 2.0 sans doute ? La révolution de la e-santé revient à intégrer toutes les données fournies sur notre organisme aux objets connectés dans un «tableau de bord santé personnalisé». C’est de la «prévention quantifiable» et c’est surtout l’application santé qui est apparu sur les iphones lors de la dernière mise à jour IOS.
5 – L’art de concevoir des systèmes innovants, des solutions ingénieuses
Pour Joël de Rosnay, prévoit que nous passerons de l’innovation linéaire «classique» à des systèmes innovants, des technologies multi-emplois combinées les unes aux autres car le numérique change les relations structurelles. Note: Hum, ça sent un peu l’innovation Jugaad..
la hiérarchie des groupes humains en donnant à chacun la possibilité de s’exprimer et aussi d’évaluer son voisin. Une organisation beaucoup plus transversale succède ainsi à l’organisation pyramidale traditionnelle. La société se fonde désormais sur des des «rapports de flux» plus que des «rapports de force». Loin de la logique du système entrepreneurial et recourent à trois formes d’intelligence : l’intelligence connective (partage des informations via les réseaux sociaux), collaborative (crowdsourcing, crowdfunding…) et collective (membres de communautés qui trouvent des réponses ensemble).
En revanche, la génération des 15-35 ans est habituée à cela, qui va de pair avec deux exigences : la désintermédiation (le refus de tout ce qui est pyramidal) et le temps réel. Et Joel de Rosnay de rappeler l’acronyme IKWIWAIWIN : « I know what I want and I want it now. Voilà ce que veulent les jeunes aujourd’hui…”
6 – De nouveaux monopoles veulent conquérir le monde :
«GAFAMA» (Google Apple Facebook Amazon, Alibaba). Véritables «entreprises-états», ils sont de plus en plus présents et importants, ce sont les nouvelles industries du 3ème millénaire. Face à ces “gros” qui possèdent de plus en plus de données, il s’agit de créer de nouvelles formes de co-régulation citoyenne. Y compris dans l’entreprise…