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Pourquoi perd-on l’esprit start-up ?

Il y a autant de raisons qu’il y a d’entrepreneurs mais par expérience, nous pouvons citer au moins deux raisons de perdre son “Esprit Start-up” ou “Esprit Pionnier” :

Atteindre son but

Il n’y a rien de pire pour un créateur que d’arriver au terme de son projet. L’un des moteurs de l’entrepreneur est me semble-t’il de prouver au monde que son idée était bonne, que dis-je “bonne”… la meilleure idée de l’univers oui ! Il s’agira ensuite de prouver qu’il y a de l’argent à se faire et une indépendance à gagner grâce à cette idée. Peu importe l’argent gagné (ou pas), peu importe le temps investi (ou perdu), seule compte la concrétisation de son idée.

C’est lorsque l’idée est réalisée, que les premiers bénéfices semblent encourageants et que les clients enchaînent les commandes que les choses se gâtent. Certes, il faudra certainement se battre encore quelques mois pour assurer le développement de la boîte mais c’est à ce moment qu’arrive la seconde raison de perdre son esprit start-up :

La lassitude

Oui, la lassitude bien sur. Un créateur est rarement un gestionnaire et vice-versa. Se battre conte la terre entière pour faire exister son idée, faire rentrer chaque mois le montant minimum pour assurer le fonctionnement de l’entreprise le mois suivant, ou assurer le développement commercial d’une entreprise en vitesse de croisière, sont des métiers différents demandant une personnalité et des compétences différentes !

 

Comment savoir que vous avez perdu cet état d’esprit

Les erreurs de casting lors du recrutement

Sans chercher à généraliser, le passage du “temps des pionniers” au “temps des salariés” est toujours très clair et très brutal. Le développement de l’entreprise demande de recruter des personnes qui vont certainement être passionnées par le projet mais qui le seront sans doute bien moins que l’équipe de départ. Vous allez commencer à recevoir des candidats qui vous parlent de leurs vacances, de la mutuelle, des heures de travail, des équipements informatiques, etc. Certains ne seront peut être même pas allés voir votre site internet. Pourtant, vous allez les recruter. Que ce soit parce que les plus brillants préféreront une grosse boîte et que vous n’avez pas le choix ou que ce soit sur les conseils de votre petit doigt, peut importe. L’arrivée de ces salariés correspondra très certainement à un autre symptôme :

Le départ des pionniers

Ce qui différencie le plus une start-up d’une entreprise établie est la motivation individuelle de ses collaborateurs. Rejoindre une start-up est un acte de foi : on est prêt à prendre des risques avec une entreprise plutôt que de chercher la sécurité d’un grand nom. C’est la volonté d’appartenir à une équipe dans laquelle sa présence comptera vraiment. C’est aussi la conviction que l’idée du fondateur (ou la vôtre) va devenir un succès commercial planétaire (au moins). Pour traduire cette croyance, espoir, ou conviction de réussite en réalité, les pionniers n’hésiteront pas à investir le temps et les efforts nécessaires à l’atteinte de ce but. Certains iront même à se mettre financièrement en danger ! Rappelons que nous sommes dans la plus pure ! Rejoindre une entreprise qui débute revient à jouer son avenir aux dés ! Certes, avec ce pari s’accompagne l’adrénaline, la joie des premiers succès, le découragement des premiers échecs mais ce sont des souvenirs qui nous marqueront toute notre vie (professionnelle).

On ne travaille pas dans une entreprise : on vit un projet !

Par contraste, les salariés d’une entreprise établie ne recherchent pas la même chose et leur motivation diffère. La plupart d’entre eux n’ont pas le même sens du risque et de la récompense. Ils souhaitent bien sur que leur entreprise se développe mais ils chercheront sans doute en priorité la sécurité financière et une structure solide. Ils seront d’avantage motivés par les défis à relever dans leur fonction et les compétences particulières pour construire leur carrière. C’est  sans aucun jugement de valeur que l’on peut comprendre que des salariés de grandes sociétés soient d’abord motivés par le développement de leurs compétences, la préservation de leur emploi et l’amélioration continue facilitant leur travail que l’innovation disruptive qui pourrait mettre en danger leur emploi que ce soit en cannibalisant certaines de leurs responsabilités ou les rendant purement et simplement obsolètes !

Bien sur ces généralisations ne s’appliquent pas à tous partout. La culture d’entreprise se construit en fonction des motivations et situations de vie de ceux qui la compose. Ce qui peut rendre très difficile le fait de faire renaître cet esprit dans toute une organisation.

Pour l’exemple, lorsque dans les années 90 Gary Wendt alors CEO de GE Capital s’inquiétait que la croissance rapide de l’entreprise ne réduisait la capacité d’innovation qui avait déclenché le succès de l’entreprise – Constat fait également par le PDG de Nespresso récemment – une entreprise en croissance devient frileuse en terme d’innovation. Pour retrouver cet esprit Start-up, Wendt proposa à ses collaborateurs 1 million de dollars de budget à tout manager qui pourrait transformer une nouvelle idée en service commercialisable. Dans une entreprise de 67 000 salariés, il ne pu trouver que 2 managers intéressés ! Des centaines d’autres  pensèrent qu’ils rendraient d’avantage service à leur entreprise en développant leur business actuel plutôt que de perdre du temps à chercher à faire “du nouveau”.

La montée de la bureaucratie

Au symptôme le plus significatif est la montée en puissance des fonctions supports. De la finance aux ressources humaines. Cela revient à mettre des chaussures de scaphandrier à une danseuse étoile. Il y a de quoi vous plomber votre agilité ! C’est le destin de toute entreprise ? Hum…si vous êtes en France… Bon, passons.

La perte de votre esprit pionnier est facilement identifiable en suivant l’évolution :
 Du taux d’absentéisme
 De la productivité de vos collaborateurs
 Du taux de salariés demandant d’eux-mêmes une formation versus ceux qui y sont envoyés
○ Le nombre d’idées proposées..

En voyez-vous d’autres ?