Créativité et neuroscience. Vous pensez toujours que le cerveau gauche est la partie du cerveau de la logique qui analyse, calcule et organise ? Vous croyez toujours que le cerveau droit est celui de la création, de l’imagination et de la poésie ? Si ce modèle – dit de Sperry -peut être utile pour classifier deux approches comportementales, les neurosciences sont en train de prouver une fois pour toute que cette compar-timentation ne correspond pas à la réalité du fonctionnement du cerveau !
Parcourez les travaux des neuroscientifiques cognitifs comme James Berns, Anna Abraham, Mark Beeman, Adam Bristol, Kalina Christoff, Jeremy Gray, Adam Green, Rex Jung, John Kounios, Hikaru Takeuchi, Oshin Vartanian, Darya Zabelina ou les français du CNC ou L2C2 ainsi que les travaux de Jean-Pierre Changeux, le pionnier des neurosciences en France. Vous verrez que l’approche conventionnelle sur le fonctionnement du cerveau – notamment durant le process d’apprentissage et de créativité – est sérieusement remis en question par les nouveaux modèles cognitifs .
Le process créatif, de l’inspiration à l’induction (selon l’approche de Trendemic) en passant par l’incubation et l’illumination (selon l’approche de Wallas) comprend de nombreux process cognitifs et émotionnels. En fonction de l’étape de ce process créatif où vous êtes, les neurosciences nous montrent que différentes régions du cerveau s’associent. Ce qui démontre que la cognition du cerveau résulte de l’interaction dynamique de plusieurs zones du cerveau qui fonctionnent en réseaux ou en circuits et non en “bloc gauche/droite”.
[su_box title=”Approche de Graham Wallas” style=”soft” box_color=”#ed9312″ radius=”8″ class=”2″]
1. Préparation, nous définissons le problème, besoin, ou désir et rassemblons des informations de façon consciente ou pas pour nous aider à trouver une solution acceptable.
2. Incubation, nous prenons du recul par rapport au problème et laissons notre esprit travailler sur celui-ci. On laisse “reposer”.
3. Illumination, des idées viennent à notre esprit et forment les bases d’une réponse créative. Ces idées peuvent être tout ou partie de la solution recherchée. Cette phase est souvent très brève.
4. Vérification, cette dernière phase apporte une réflexion qui démontre que la phase d’illumination répond ou pas aux critères définis dans la phase de préparation. [/su_box]
Les réseaux neuronaux
1. LE RÉSEAU PAR DÉFAUT OU RÉSEAU DE L’IMAGINATION
Une étude réalisée par le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon (menée par Tomas Ossandon et dirigée par Jean-Philippe Lachaux, directeur de recherche à l’Inserm) a révélé en 2011 comment ce réseau interfère avec notre capacité à maintenir notre attention en mesurant pour la première fois l’activité des neurones de ce réseau à la milliseconde.
Selon les recherches complémentaires de Randy Buckner, ce réseau par défaut – qu’il surnomme réseau de l’imagination – permet de construire une stimulation mentale basée sur ses expériences personnelles. En clair, cela permet de se rappeler un souvenir, penser à l’avenir ou imaginer des possibilités alternatives. Ce réseau de l’imagination implique les zones profondes du cortex préfontal, du lobe temporal ainsi que différentes régions internes du cortex pariétal.
2. LE RÉSEAU DE L’ATTENTION OU RÉSEAU EXECUTIF
Lorsque vous portez votre attention – que ce soit pour vous concentrer sur un problème, apprendre ou lire – c’est ce réseau qui s’active. L’architecture de ce réseau neuronal implique une communication entre le lobe préfrontal, les régions latérales du cerveau et l’arrière du lobe parétial.
Les résultats d’une autre étude de l’inserm prouvent que lorsque nous cherchons un objet autour de nous, les neurones de ce “réseau par défaut” interrompent leur activité pour passer sur le réseau de l’attention. Cette interruption ne dure que le temps strictement nécessaire à la recherche. Une fois l’objet trouvé, le réseau par défaut reprend son activité. Ce qui prouve la compétition au sein du cerveau pour l’utilisation de nos ressources attentionnelles. Lorsque celle-ci ne sont plus utilisées, elles sont instantanément redirigées vers les processus mentaux par défaut. Ce qui prouve que le cerveau ne reste jamais sans rien faire…
3. LE RÉSEAU DE SALIENCE ou SAR
Appelé en Français système réticulé activateur ou SAR (Système d’activation réticulaire), ce réseau détermine ce qui est le plus important entre les événements externes et sa conscience avant de passer le relais au réseau de l’imagination ou au réseau de l’attention si l’information est digne d’intérêt. Ce réseau comprend la division dorsale cognitive (CCab) du cortex cingulaire et du cortex insulaire antérieur. Nous pourrions dire que ce réseau joue le rôle de filtre entre la partie consciente et la partie inconsciente de votre cerveau en décidant ce qui est digne d’attention et ce qui ne l’est pas.
C’est ce réseau qui vous fera remarquer des éléments sur lesquels vous êtes concentré. Par exemple, si vous souhaitez acheter une voiture verte, vous allez voir des voitures vertes partout etc.